La Mère supérieure, que j’avais fait prévenir du départ de Cécile, frappa à la porte du parloir. Je lui expliquai, en quelques mots, mes projets. Elle me questionna sur le Canada, où les religieuses de la Présentation de Marie ont plusieurs maisons.
— J’ai toujours désiré, me dit-elle, visiter ce beau pays, où nous sommes presque aussi chez nous qu’en France !
Une idée germa tout à coup dans mon cerveau. Si je lui confiais la tâche de reconduire Cécile à Port-Joli !
— Peut-être une occasion s’offrirait-elle pour vous de visiter la Nouvelle-France !
— Ces bonheurs ne sont pas faits pour les religieuses !
— Il y a des devoirs qui procurent parfois de ces bonheurs !
— Tous les devoirs procurent du bonheur, même le sacrifice généreusement accepté !
— Si je vous demandais d’accompagner ma fille au Canada ?
— C’est peut-être plus compliqué que vous ne le croyez ! D’abord, il faudrait la permission de Mère générale, et puis… je suis directrice de cette maison !… Mes devoirs d’état avant tout, Monsieur Reillal !
— Voulez-vous que j’en parle à Mère générale ?