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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/74

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Un instant après, Jacques revenait. Il me regarda d’un air sympathique, puis il remit à sa mère la boîte d’allumettes.

Une lampe à pétrole était sur la table. C’était la même qu’autrefois, du temps de M. et Mme Dupontier : une vieille lampe à mèche tubulaire qui éclairait jadis nos veillées.

— Je crois reconnaître cette lampe ! ne pus-je m’empêcher de dire.

— Oui, elle a éclairé bien des joies et veillé sur bien des soucis, durant ses quarante ans d’existence !

Tout en parlant, Allie avait frotté une allumette, et la grosse lampe commençait déjà à répandre dans la pièce cette lumière douce que fournit l’éclairage au pétrole. À sa lueur, je vis les yeux d’Allie rougis par les larmes. Que s’était-il donc passé depuis mon départ, à cinq heures ? Je résolus de la questionner.

— Dis-moi, Allie, tu as pleuré ?

— J’essaierais en vain de le cacher, mes yeux me trahiraient. Mais ce n’est rien, Olivier !

— Et pourquoi as-tu pleuré ?

— Permets-moi de te répondre par une autre question. Pourquoi as-tu donné ces pièces d’or aux enfants ?

— Pauvre Allie ! Comme tu es restée fière, même dans ton malheur ! Mais ne suis-je pas presque un frère pour toi ? Et les frères ne