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Page:Lallier - Allie, 1936.djvu/85

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pourtant, je t’ai souri, Olivier ! Il y a des moments où on oublie tout, en face de ceux qu’on a aimés, et, alors, on s’aperçoit que le cœur, qu’on croyait endormi, n’a que sommeillé.

Comme tu le vois, je ne suis pas en position d’être fière ; et ton offre de secours me vient à point ! J’ai tant prié pour que Dieu vienne à mon secours !… Il t’envoie vers moi. Tu es ma Providence, Olivier ! Je n’ai qu’à te remercier.

Allie me fit cette confession, assise en face de moi, appuyée sur le bras d’un fauteuil de cuir usé. Elle tenait dans sa main gauche, sans doute pour cueillir les larmes qui auraient pu spontanément jaillir au cours de son récit, un mouchoir orné de dentelle française de grand prix, reste, sans doute, d’un passé qui lui avait été prodigue de raffinements de toutes sortes. Elle caressait l’un après l’autre les fils artistement tricotés de la dentelle. On aurait dit qu’elle voulait unir son bonheur d’autrefois à ses épreuves d’aujourd’hui.

Durant tout ce récit, pas un mot de récrimination ne sortit de sa bouche. Un nuage sombre avait passé devant ses yeux au souvenir de la perte de son emploi, mais il avait été suivi d’un geste de pardon. Elle ne dit rien contre les hommes politiques qu’elle aurait pourtant eu raison de maudire. Évidemment,