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Tonnerre pour aller compléter mes études au couvent de Sillery.

— Oui, oui, comme le temps passe vite, comme le temps passe vile ! répondit le capitaine d’un air distrait.

— Pauvres et chers parents ! reprit Angéline ; ils ont fait de grands sacrifices pour moi ; mais j’espère n’avoir pas été ingrate à leur égard.

— Tu dois être bien savante ! dit le capitaine d’un air convaincu.

— Pas tant que cela, Monsieur le Capitaine ; mais j’ai pu acquérir quelques connaissances qui me seront peut-être utiles.

— Avez-vous vu mon père dernièrement, Monsieur le Capitaine ?

— Si j’ai vu le père Guillou ? j’te crois, ma belle. Il est toujours au poste. Ça c’est du marin ! C’est régulier comme l’horloge ! Quand on fait escale à la Rivière-au-Tonnerre, qu’il fasse beau ou mauvais temps, que ce soit le jour ou la nuit, le père Guillou est là !

— Comme ça je le verrai certainement en arrivant ? Et maman, avez-vous de ses nouvelles ? Ah ! que j’ai hâte de les voir tous !

— Ça ne sera pas long à présent, ma belle.

— Quand arriverons-nous à la Rivière-au-Tonnerre, Monsieur le Capitaine ?

— T’as ben hâte, hein, la petite ! Eh bien ! ça dépend. Il y a d’abord la marée avec laquelle il faut toujours compter : … les tempêtes,… les retards causés par le déchargement de la marchandise aux différents postes d’escale ; mais enfin je crois que nous serons à la Rivière-au-Tonnerre vendredi vers les quatre heures de l’après-midi.

— Encore trois longs jours, comme ça ! dit Angéline avec un long soupir.

— Mais on a bien attendu cinq ans, on patientera bien trois jours ?

— Il le faudra bien ! répondit la jeune fille d’un air résigné.