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plein d’essence, il n’atteignit le but de son voyage que le lendemain dans le cours de l’avant-midi.

Quelle ne fut pas sa stupéfaction de voir une échelle de corde suspendue au rocher. Son premier soin fut de mettre sa mitrailleuse en état de fonctionner. Il attendit, une heure, deux heures, la main sur la détente de sa mitrailleuse sans rien apercevoir d’un être vivant dans les alentours.

— Peut-être me suis-je fait illusion ? se dit-il. Il saisit sa lunette et scruta attentivement les alentours. Il crut, à un certain moment, avoir saisi un léger mouvement de personne derrière un rocher ; mais toute trace était invisible.

— Ce n’est pas ici que je vais commencer à avoir peur, dit-il, se parlant toujours à lui-même.

Au moyen d’un canot de toile dont il s’était muni, il partit pour la grève. À peine se fut-il éloigné de dix pieds de son aéroplane qu’une balle vint percer son canot. Il retraita immédiatement vers son avion et se mit en état de défense. Ayant enfin repéré la cachette de son antagoniste il l’arrosa de mitrailles.

Comme la lutte était inégale, il vit sortir de derrière un rocher un sauvage blessé qui demandait grâce.

— Es-tu seul ? lui demanda Jacques d’une voix autoritaire.

— Moi seul, moi demande pardon au grand capitaine blanc.

— Où as-tu su que j’étais capitaine, mauvais sauvage ?

— Moi Sewi Sawa, moi guide de l’arpenteur Marcheterre.

— Et comment as-tu pris connaissance de cet endroit ?

— Moi, vu capitaine sortir de l’or dans petits sacs, moi aime l’or aussi !

— Mais tu n’as pas besoin de me tuer, il y en a assez pour les deux I

— Moi, plus besoin d’or, moi mourir blessé. Toi demander pardon à la robe noire pour moi et m’enterrer ici.

En disant ces mots le sauvage eut une hémorragie et expira sur-le-champ.