Page:Lallier - Angéline Guillou, 1930.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 156 —

Au moyen de la glace qu’elle lui appliquait, elle avait réussi à modérer la fièvre et à lui conserver la vie jusqu’à l’arrivée de l’homme de l’art.

Le médecin lui administra immédiatement des stimulants qui la ranimèrent et resta auprès d’elle jusqu’à ce que tout danger fût disparu.

— Je crois que tout danger est passé, dit-il enfin à la garde-malade et au curé qui étaient dans la chambre avec lui.

— J’ai eu bien peur qu’elle me passât entre les mains, docteur, et il était temps que vous arriviez, car je n’aurais pu tenir plus longtemps.

— Vous avez été bien courageuse et je vous en félicite. Je vous laisse une prescription que vous pourrez remplir au dispensaire, je crois ?

Antoinette examina l’ordonnance puis répondit au médecin :

— J’ai tout ce qu’il me faut, merci.

— Suivez bien mes instructions et, dans deux semaines, il devra se produire un mieux sensible.

Au bout de quelques jours, en effet, la fièvre quitta la malade ; mais sa convalescence fut longue et pénible. Le reste de l’hiver lui suffit à peine pour se remettre sur pied.

Au printemps, elle profita d’une belle journée pour faire une visite à l’église et remercier Dieu de lui avoir conservé une vie, dont elle aurait cependant fait volontiers le sacrifice pour sauver celle de son fiancé.

Ayant perdu son cher fiancé, que lui restait-il pour l’intéresser à la vie ? Son père, déjà courbé sous le poids des années et des épreuves, n’en avait pas pour longtemps à vivre. Quant à ses frères et sœurs ils devaient fatalement essaimer comme toutes les familles. Déjà ses frères étaient mariés et en charge de familles ; mais elle ne se laissa pas aller au découragement. Cette âme bien trempée était faite pour l’épreuve, et Dieu sait si elle en avait sa part, qu’elle acceptait désormais avec courage.

Le curé, qui n’avait pas perdu de vue sa pupille, s’évertua à trouver quelque chose pour la distraire. Il l’aida de ses