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Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/108

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— Plus grand que vous s’est trompé, Monsieur Jennings. Napoléon n’avait-il pas posé au pape Pie VII cette question provocatrice : Les armes tomberont-elles des mains de mes soldats ? À qui la campagne de Russie a-t-elle donné raison, au Pape ou à l’Empereur ?

— Je crois, en effet, que la chance n’a pas toujours servi Napoléon.

— Eh bien ! moi je crois que c’était le châtiment de Dieu !

— Et vous en concluez que c’est Dieu qui a fait arriver la débâcle un dimanche, pour nous punir.

— Je ne juge personne, Monsieur Jennings, je me contente de constater… et de regretter.

— Eh bien ! continua-t-il, nous en serons quittes pour réparer les dommages. Nous mettrons une équipe de nuit pour réparer les dégâts d’abord, et pour reprendre le temps perdu ensuite. Il faut que dans un mois rien ne paraisse lors de la visite des directeurs.

L’ingénieur et André partirent ensemble pour aller prendre leur déjeuner au Staff House. Monsieur Jennings, songeur, ne dit un seul mot tout le long du trajet et, en rentrant à leur logement, il ne proféra qu’une seule parole, sans aigreur : Bad Luck !

Le lendemain, les journaux du Canada tout entier publiaient la triste nouvelle de la mort de centaines d’ouvriers et des pertes matérielles d’une valeur d’au delà d’un million de dollars. Heureusement pour les Canadiens, cette fois, peu