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Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/127

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mille et un pièges qu’il lui avait tendus, sans qu’il ne fléchisse jamais, et ensuite les nombreux services qu’il avait rendus auprès des travailleurs dont il parlait la langue.

— Alors, vous croyez à son innocence ? Vous vous placez au-dessus des juges et des jurés qui l’ont condamné ?

— Je le juge d’après sa conduite, depuis qu’il est à mon emploi. Je ne lui connais qu’un travers, c’est son opposition au travail du dimanche.

— Entre nous, Jennings, savez-vous que la question est à l’état aigu dans cette province ? Je comprends comme vous la nécessité du travail du dimanche, mais la question se pose résolument devant le peuple. Il ne faut pas oublier que si nous avons des droits, nous avons aussi des obligations. Personne plus que moi ne serait heureux de trouver une solution à cet imbroglio, mais, s’empressa-t-il d’ajouter, si je fermais mes usines le dimanche, j’en souffrirais un dommage énorme !

— Alors nous sommes d’accord ?

— En fait, oui, en principe, non !

— Alors le fait l’emporte sur le principe, dit l’ingénieur un peu gouailleur.

— Il faudra pourtant un jour concilier les deux. Vous n’ignorez pas qu’une loi sévère défend le travail du dimanche au Canada.

— Oh ! ces lois sont faites pour être transgressées. C’est de la poudre aux yeux. En pratique que vaut-elle cette loi ? Mobilisera-t-on les troupes pour la mettre en force ?