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Le train s’ébranla rapidement. Le village de Saint-Vincent-de-Paul disparut bientôt derrière le nuage de fumée, crachée par la lourde locomotive. Saint-François-de-Sales et Terrebonne, cachés dans le brouillard, furent passés inaperçus. André essaya encore une fois en vain de pénétrer son regard à travers la fenêtre enneigée. Finalement il appuya sa tête sur la banquette.

III

Qu’allait-il faire à Québec ? ville inconnue pour lui, se demanda André. Bah ! que lui importait une ville ou l’autre, pourvu qu’il y trouvât de l’ouvrage et un endroit pour cacher sa honte. Là ou ailleurs que pouvait-il attendre de la commisération des hommes ? Il fallait refaire sa vie, il la referait, voilà tout ; même avec un casier judiciaire comme recommandation !

— La Providence qui ne laisse pas les petits oiseaux sans pâture, aura bien soin de l’oiseau de Saint-Vincent-de-Paul ! se dit-il. Je ne suis pas le seul qui se soit relevé d’une chute, la mienne ne fût-elle qu’apparente !

La chaleur suffocante, à l’intérieur du wagon, et le roulement du train, firent que le sommeil finit enfin par le vaincre. Que d’événements s’étaient succédés dans l’espace de trois heures ! Quel changement dans sa situation !