Monsieur Drassel réprima un mouvement d’horreur à cette seule pensée qu’il aurait pu retrouver un cadavre au lieu de revoir bien vivante sa fille chérie.
— Je lui dois beaucoup de reconnaissance, en effet, répondit-il très ému.
— Quand André revient-il de New-York, papa ?
— Le quinze !
Agathe tourna la vue, d’un air désappointé, vers le petit calendrier nacré, placé sur sa toilette.
— Encore une semaine !
— Il partira de New-York avant cette date, mais il doit s’arrêter à Montréal pour des affaires personnelles, s’il n’a pas arrêté en allant.
— Peut-on savoir pourquoi ?
— Non, puisqu’il m’a confié un secret.
— Il vous fait des confidences ? Vous a-t-il dit qu’il m’aimait ?
— Je ne dévoile jamais un secret ! Il m’a demandé la permission de te rendre visite et je le lui ai permis, une fois par semaine, dit Monsieur Drassel en montrant son index. Es-tu contente ?
— Rien qu’une fois ? répondit Agathe désappointée. Un, ça peut se multiplier par trois ? Tu ne sais peut-être pas la table de trois, papa ? Ça se fait comme ceci : Trois fois un, trois ! Trois fois deux…
— Je ne sais plus compter, interrompit Monsieur Drassel. Je réapprendrai plus tard.
— Mais je le voyais tous les jours à l’usine !
— Tu abusais, alors ! Et les papas sont là pour réprimer les abus.