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Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/188

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Étonnement général ! Quel était ce Monsieur Selcault, qu’elle préférait au fils de la riche juive ? Celui-ci ne tarda pas à les tirer d’inquiétude. Avec l’assurance que donne une position conquise d’avance, il s’avança élégant, hautain, avec toute la sûreté d’un homme du monde habitué à ces réunions mondaines. L’air heureux d’Agathe trahit toute sa joie de danser la première danse aux bras d’André.

— Voilà un début qui ne sera pas à recommencer, si les apparences ne sont pas trompeuses, dit la voisine de Madame Wolfe, puis ajoutant aussitôt : Quel est ce jeune homme élégant ?

À ce moment, l’orchestre attaqua un menuet et les pieds glissèrent sur le plancher ciré de la grande salle de danse.

— Je n’ai pas répondu à votre question, reprit Madame Wolfe en s’adressant à Madame Rancourt : C’est un aventurier, venu de je ne sais où !

— Et que fait ce jeune homme dans le monde ?

— Il est gérant des usines de Monsieur Drassel.

— C’est un drôle d’aventurier, tout de même, répondit Madame Rancourt ; Monsieur Drassel, qui est un homme d’affaires, n’aurait certainement pas choisi le premier venu pour gérer ses usines.

— C’est lui qui a sauvé la vie de Mademoiselle Drassel, quand elle faillit se noyer, il y a deux mois. C’est cela qui lui a valu la confiance de son patron.

— C’est à votre fils qu’elle a refusé la première danse ?