abandonnent le travail, je ferme les usines pour toujours ! Je suis maître chez moi et je n’entends pas m’en faire imposer par qui que ce soit !
— Monsieur Drassel, répondit André, force m’est de vous désobéir ; je suis de cœur avec eux ! Sans faire parade de mes principes, vous savez que je ne les ai jamais cachés !
— Ah ! c’est ainsi que vous me récompensez des faveurs que je vous ai faites, vociféra son patron.
— Et mes services, à quoi comptent-ils ? répondit fièrement André.
— Vos services ? je les ai payés ! Vous vous êtes introduit chez moi comme le loup dans la bergerie. Eh bien ! je vous chasse, vous et vos pareils ! Je suis catholique comme vous, mais il y a des nécessités incontrôlables et celle-ci en est une. On travaille le dimanche dans toutes les usines de la province.
— C’est ce qui aggrave le mal, Monsieur Drassel ! Puisque vous me chassez, c’est moi qui conduirai la grève !
— Alors, à nous deux… Selcault ! dit Monsieur Drassel d’un air de mépris. « Oignez vilain, il vous poindra », ajouta-t-il en faisant claquer la porte derrière la délégation qui sortait de son bureau.
André accompagna les ouvriers à leur comité de réunion, pendant que Monsieur Drassel sortit de son bureau et se dirigea vers sa demeure, encore toute empreinte des splendeurs de la veille.