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Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/214

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avait été plus malheureux ? Il en était à ces réflexions intimes quand, en lisant son journal, sa vue s’arrêta sur un gros titre : Émouvante histoire d’une famille de Verchères, etc., etc.

Toute l’histoire de sa famille était racontée, depuis les moindres détails du procès jusqu’à leur retour à Verchères. Un reporter sans scrupule, ayant eu vent du retour de la famille Lescault à Verchères, s’était rendu chez elle et, leur ayant fait raconter leur odyssée, l’étala impudemment dans son journal. Qu’importait à ce journal la boue avec laquelle il éclaboussait cette famille retournée paisiblement à son ancienne terre, pourvu que la cupidité de ses lecteurs fût satisfaite.

Ah ! au moins, que la famille Drassel et surtout Agathe ne lise pas ce sale article, se dit André. Il prit le journal et alla le jeter au feu.

Madame Wolfe ne manquerait pas l’occasion de faire des siennes au moyen de cet article. Le bal depuis longtemps annoncé, chez les Duprix de l’Isle Maligne, serait peut-être l’occasion favorable pour faire éclater enfin le scandale et mousser la candidature de son fils auprès d’Agathe. Elle avait entrepris le siège des millions de Monsieur Drassel et une occasion si favorable ne lui échapperait pas. Elle y mettrait toute l’astuce youpine et elle finirait bien par emporter le morceau.