Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 221 —

par la crainte, dans le respect des lois humaines. Pour lui, les seules lois sages étaient celles qui protégeaient la richesse. Quant aux lois divines, il n’en avait cure, car le sens du surnaturel lui échappait. Le seul sentiment humanitaire qui l’animait, était l’amour qu’il avait pour sa femme, probablement plus à cause de ses millions que de sa personne.

Doué d’une énergie que seule peut donner la confiance dans l’argent, il ne reculait devant aucune difficulté où la question d’argent primait.

Un jour qu’on lui reprochait d’avoir inondé les fermes de la région par le barrage du lac, il répondit :

— Nous les indemniserons !

— Mais c’est une illégalité qui peut avoir de graves conséquences, avait-on objecté.

— Nous ferons légaliser l’illégalité, avait-il répondu.

Monsieur Duprix pensait pouvoir résoudre tous les problèmes, comme il résolvait ceux du génie civil. Se présentait-il une rivière comme obstacle :

— Nous construirons un pont ! répondait-il.

Les difficultés du barrage d’un côté de l’Isle avaient-ils nécessité le projet de construire une colonne de béton d’un million de tonnes :

— Nous la construirons, avait-il répondu froidement à ses ingénieurs. Nous ferons sauter ceci, nous édifierons cela !

Tout était d’une simplicité étonnante pour lui, quand il s’agissait de dollars à dépenser.