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Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/230

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Une féerie, digne des génies qui avaient présidé à cette merveille, s’offrait à leurs yeux. Les puissants réflecteurs transportaient au loin les jets de lumière étincelants et l’on pouvait voir, à la clarté qui inondait les alentours, les terres submergées de Saint-Cœur-de-Marie, de Taillon et même de Peribonca.

Monsieur Duprix éprouva-t-il du remords en voyant, à côté de ce déploiement de richesse, les fermes inondées de la région ? Peut-être ! Il regarda longtemps, du haut de la tour où il était monté, ce contraste émouvant. Les cœurs les plus fermés ont parfois des sursauts de générosité. « Nous les indemniserons », avait-il répondu à ceux qui lui avaient reproché sa cruauté ; mais peut-on indemniser une douleur comme celle des Lescault, par exemple ? Énigme qui ne s’était sans doute pas posée à l’esprit de ce grand vainqueur d’obstacles de la nature.

Cependant, toute trace d’émotion avait disparu, quand il invita ses hôtes à l’intérieur, pour continuer la fête.

Les libations continuèrent, si bien que plusieurs, et même les femmes, commençaient à être éméchées.

Tout à coup, une obscurité profonde fit place à la lumière et les mosaïques furent transformées en tableaux vivants et transparents, qui semblaient mus par une main invisible. En vain, Monsieur Duprix fit-il appel à ses électriciens qui s’étaient tenus constamment en disponibilité,