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souvent à cacher des voleurs, plus souvent à enseigner le vol ! Il a prétendu qu’il était parti directement de sa pension pour le cinéma. Vous comprenez que ça n’a pas pris devant les témoignages probants que la Couronne a produits. Un jeune homme, de ses amis, est bien venu jurer qu’il était parti directement de sa pension avec lui pour le cinéma, mais le juge l’a traité de parjure, et il avait raison. Qui sait ? c’était peut-être son complice. Personne cependant n’a pu jurer que c’était lui qui était sorti de la banque avec André, car il avait rabattu sa casquette sur ses yeux et s’était pas mal « défiguré ». Le vol ayant été découvert immédiatement, la police fut avertie. Au sortir du cinéma, il fut appréhendé et mis sous arrêt. Vous connaissez le reste : sa lettre de lamentations, proclamant son innocence, et me priant d’aller à son secours, etc., etc. Ah ! j’aurais bien dû suivre ma première idée : le laisser se débattre tout seul. Nous ne serions pas ruinés comme nous le sommes, mais quand c’est notre sang qui parle ! Heureusement que je l’ai renié ; ce n’est pas un Lescault celui-là ! Maintenant il nous reste à vendre la ferme et le « roulant » et à partir pour les États.

— Tu n’y penses pas, Pierre ! à ton âge ! dit Madame Lescault en sanglotant.

— Il n’y a pas d’âge devant la honte ! Comment veux-tu que j’aille à la messe dimanche prochain ? Est-ce que je vais être capable d’envisager « le monde » après une affaire pareille ?