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— Et nous abandonnerions la terre ancestrale sur laquelle nous avons élevé notre famille ? continua Madame Lescault sans se décourager.

— Oui, mais ne comprends-tu pas que c’est le meilleur moyen de cacher notre honte !

— Et Arthur qui est établi près d’ici, marié et en bonne voie de prospérer, Louis et François qui se sont acheté des terres à Varennes, tout près de chez nous ; la famille va se trouver pas mal dispersée !

— Bah ! Quand nous serons établis, nous leur ferons réserver des lots à proximité des nôtres et ils viendront nous rejoindre plus tard. Crois-tu qu’ils vont tenir tant que cela à demeurer par ici après une chose pareille ?

— Tu sais, mon vieux, que j’ai toujours accepté tes décisions, dit Madame Lescault plus résignée ; réfléchis encore et si tu ne changes pas d’idée, nous vendrons la terre et nous partirons.

La bonne femme jeta un dernier regard attendri autour de cette maison confortable qui avait été témoin de ses joies et de ses peines. Elle espérait toujours que son mari ne donnerait pas suite à son projet, mais elle était désormais résignée à le suivre là où il planterait sa tente.

VI

L’ENCAN

Le dimanche suivant, à la porte de l’église de Verchères, le crieur public annonçait l’encan chez Pierre Lescault pour le lundi en huit.