— S’en noient-ils beaucoup comme ça ?
— Ah ! grand Dieu ! Il ne se passe pas de dimanche sans qu’il s’en noie un ou deux.
— Alors on travaille le dimanche ?
— Bah ! ces hérétiques-là, qu’est-ce que ça leur fait le dimanche ; ça ne fait même pas de religion. Si j’ai un conseil à vous donner, jeune homme, n’allez pas travailler là, ça ressemble trop à l’enfer.
— Et vous dites que les noyades arrivent surtout le dimanche ?
— « Immanquablement », mais ce que je trouve drôle, moi, c’est que le bon Dieu punisse ces pauvres malheureux qui ne demanderaient pas mieux qu’à se reposer et que les mécréants qui les forcent à travailler s’en tirent indemnes !
— C’est qu’eux ont bien soin de ne pas s’exposer !
— C’est peut-être ça, mais ça m’a pas l’air juste, pareil.
— Dieu les attend ailleurs !
— Je l’espère, sans quoi je m’demande où serait la justice.
— C’est justement ce que disait le curé dimanche dernier. Que c’est donc mal commode de ne pas avoir d’instruction ! J’ai compris ça rien qu’hier ce que le curé avait dit. Je suppose que vous êtes instruit, vous, parce que vous m’avez l’air de parler en « tarmes » comme Monsieur le Curé. Vous savez, c’est demain dimanche. Pour quelle messe voulez-vous que je vous éveille ?