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Page:Lallier - Le spectre menaçant, roman canadien, c1932.djvu/99

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— J’espère, Monsieur, être digne de la confiance que M. Jennings m’a témoignée.

— Monsieur Jennings, reprit le chef avec son flegme américain, est trop confiant ; il s’émeut au moindre acte de bravoure et peut tout donner. Je ne suis pas aussi mou, moi, et je ne confonds pas la bravoure avec l’honnêteté !

— Ni moi non plus ; mais on peut avoir les deux, ne vous en déplaise, Monsieur Jarvis.

— Je le veux bien. D’ailleurs Monsieur Jennings en prend la responsabilité ; mais j’ai l’habitude d’avoir l’œil ouvert.

— Je vous remercie de l’avertissement, mais je n’en avais pas besoin ; j’ai déjà reçu une leçon qui, j’en suis sûr, me profitera.

— Mais vous parlez très bien l’anglais. Vous êtes Canadien-Français ? Où avez-vous appris notre langue ? dit le chef radouci.

— Dans un collège des Frères.

— Ces hommes qui portent une robe, comme j’en ai vu à Québec ? Vous savez, aux États-Unis, nous ne croyons pas à ces folies-là.

— Si je ne me trompe, vous ne croyez pas à grand’chose au-delà du quarante-cinquième.

— Nous croyons au progrès et à l’argent, cela nous suffit. Mais il est dix heures, la banque doit être ouverte ; voici une procuration. Vous apporterez cinquante mille dollars pour la paye de demain.

— Je suppose que vous avez l’habitude de faire accompagner celui qui transporte de telles valeurs, dit André un peu nerveusement.