Page:Lallour - Guerziou groet d'an enor ar c'henta greunadier eus ar Françz.pdf/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 13 −

Aux champs d’Oberg’hausen, lieu fatal aux Français ;
C’est là que s’arrêta la sublime carrière
Du vrai républicain, du fier Cornouaillais.

   Sabre en main, et marchant en tête de colonne,
Latour-d’Auvergne ouvrait dans les rangs ennemis
Large brêche, héritier de la valeur bretonne,
Il maintenait partout l’honneur de son pays.

   Pendant que son bras droit lui frayait un passage,
Sa main gauche arrachait un drapeau d’Allemands,
Lorsqu’à cheval, chargeant au milieu du carnage,
Un Houlan lui plongea sa lance dans les flancs.

   Mes frères, c’est ainsi que finit l’existence
Du citoyen illustre à qui l’on décerna
Le titre de premier des Grenadiers de France,
Pays où l’homme est libre en naissant et soldat.

   En paix, loin du fracas des camps et de l’armée,
Il composait souvent les plus savants écrits,
Par lesquels il accrut la grande renommée
Et du peuple Breton et de leur beau pays.

   Corret fait le Breton le plus vieux des langages
Ses preuves valent bien celles des plus instruits ;
Il était, prétend-il, même en les premiers âges,
Celui d’Adam et d’Êve en leur beau paradis.

   Apprenant son trépas, le prince de Bavière
Fit relever son corps et le fit embaumer ;
Puis avec les honneurs de la pompe guerrière
En un tombeau superbe il le fit inhumer.

   Par le plus vieux sergent, compagnon de sa gloire,
On fit porter son cœur dans un vase d’argent,
Tant pour éterniser sa brillante mémoire,
Que pour électriser son brave régiment.

   Son régiment, alors nommé demi-brigade,
Le quarante-troisième honorait sa valeur,
Le sergent, pour Corret, aux appels de parade,
Disait toujours : présent, et mort au champ d’honneur.

   En l’honneur de Corret le jour de la saint Pierre
L’an mil huit cent quarante-et-un, le vingt-neuf juin,
Une statue en bronze, auprès de sa chaumière,
A reproduit les traits du parfait citoyen.

   Le Roi, pour ajouter un éclat mémorable
À la fête où se fit l’inauguration,