Aller au contenu

Page:Lallour - Guerziou groet d'an enor ar c'henta greunadier eus ar Françz.pdf/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 7 −

Plus tard il s’appela la Colonne infernale,
Comme étant la terreur de tous les ennemis.

   Le général en chef de ces hordes guerrières
Fut tué ; mais Moncey, depuis grand maréchal,
Prit le commandement, car d’instantes prières
Nu purent transformer Corret en général.

   Un armistice eut lieu, sur un chasse-marée ;
Vers la Bretagne accourt le noble Bas-Breton,
Croyant dans l’univers serment chose sacrée ;
Mais sans défense il est pris par l’Anglais félon.

   Plus d’un Anglais voyant nos couleurs qu’il abhorre
Voulut, dans sa colère, ôter de son chapeau
Sa brillante cocarde emblème tricolore
De toutes les vertus réunies en faisceau.

   Ennuyé pars l’Anglais, Corret prend sa cocarde,
Arrache son épée à l’instant du fourreau ;
En perce le milieu, la remonte à la garde
Et pose avec orgueil la main droite au pommeau.

   Venez alors, dit-il, si quelqu’un la désire,
Il peut me l’arracher, mais foi de Bas-Breton,
Il serait bien plus sûr, sans qu’il s’y fasse inscrire,
D’aller ce soir souper à l’hôtel de Pluton.

   Dans Londres poursuivi par l’infime canaille.
Qui le huait encor pour sa cocarde, on vit
Une étonnante chose en fait de représaille,
Et cependant cet acte en plein jour s’accomplit.

   Il guettait ces bandits, dévorant sa colère,
Et se tenait très-près d’un de ces tombereaux
De vidangeurs ; soudain, il fait face à l’arrière,
Et jette un gros Anglais dans ses fétides flots.

   Admirant sa vigueur, son calme et sa souplesse,
Le peuple se confond en applaudissements,
Le pauvre prisonnier, après cette prouesse,
Fut toujours à l’abri des mauvais traitements.

   À Paris un échange la paix le rappelle ;
Corret, le valeureux Cornouaillais, y vient
Prier les directeurs de se donner la peine
De le pensionner, n’ayant pas d’autre bien.

   À son juste exposé Carnot, un des ministres,
Réplique : Citoyen, tu ne l’obtiendras pas,
Car la France a besoin, dans ces moments sinistres,