Aller au contenu

Page:Lamairesse - Kama Sutra.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par sa grâce. La dévotion au dieu de la secte suppléait à tout, à la morale, aux œuvres, à l’ascétisme, à la contemplation. Cette doctrine est pleinement développée dans le chant du Bien Heureux et systématisée par Sandilya dans ses Sutras de la Bakti, d’où Nagardjuna les a introduits dans le grand véhicule bouddhiste. Par elle la religion, jusque-là dérobée aux masses dans son essence, devient un fait de sentiment que le sensualisme hindou change bien vite en un fait de passion.

En resserrant la dévotion sectaire sur une divinité très précise, la bakti a poussé à l’idolâtrie ; elle a confondu d’abord le dieu avec son image, puis distingué entre les sanctuaires d’un même dieu. De là une subdivision à l’infini des sectes et des cultes.

La Bakti embrasse tout le vichnouvisme et une partie seulement du sivaïsme.

Les bakta ou sectateurs de la Bakti se divisèrent en : main droite, qui s’en tient aux Pouranas et à la dévotion pour leurs dieux et déesses mythologiques (les Pouranas sont la mythologie populaire recueillie officiellement par les Brahmes), et main gauche, qui fait du Kaulo Upanishad et des Tantras une sorte de véda particulier, adressant de préférence sa dévotion aux énergies et divinités femelles et principalement à l’union des sexes et aux pouvoirs magiques. Les Tantras sont des livres d’érotisme et de magie.

Les rites de la main gauche unissent les deux sexes en supprimant toute distinction de caste. Dans des réunions qui ne sont point publiques, les affiliés, gorgés de viandes et de spiritueux, adorent la sakti sous la forme d’une femme, le plus souvent celle de l’un d’eux ; elle est placée toute nue sur une sorte de piédestal et un initié consomme le sacrifice par l’acte charnel. La cérémonie se termine par l’accouplement général de tous, chaque couple représentant Siva et sa Sakty et devenant identique avec eux. C’est absorbé dans la pensée de la divinité et sans chercher la satisfaction des sens que le fidèle doit accomplir ces actes. Les catéchismes qui enseignent ces pratiques sont remplis de hautes théories mo-