La Courtisane. — Un vieux chien borgne, boiteux, galeux, n’ayant que la peau et les os et dont la gueule est déchirée par les tessons qu’il ronge, poursuit encore les chiennes ; le Dieu de l’amour tourmente jusqu’aux mourants. Quand l’arbre Açoka est touché du pied d’une belle, ses fleurs s’épanouissent de suite[1].
Les femmes voluptueuses enflamment tous les cœurs de leurs grâces lascives : elles babillent avec l’un, envoient à un autre des œillades provocatrices, un troisième occupe leur cœur.
Le Brahmane. — Celui qui, maîtrisant ses sens, a confondu son intelligence dans l’âme-suprême, qu’a-t-il à faire des causeries des bien-aimées, du miel de leurs lèvres, de la lune de leur visage, des jeux d’amour accompagnés de soupirs dans lesquels on presse leurs seins arrondis ?
La Courtisane. — Les Docteurs ayant sans cesse à la bouche les saints écrits, sont les seuls qui parlent, et seulement du bout des lèvres, de renoncer à l’amour.
Qui pourrait fuir les hanches des belles jeunes filles ornées de ceintures bruyantes, auxquelles pendent des perles rouges ?
Ce que femme entreprend dans sa passion, Brahma lui-même n’a pas le courage d’y mettre obstacle[2].
Un homme mûr. — L’homme n’est sur de son honneur, de sa vertu, de sa sagesse, que quand son cœur et ses fermes résolutions ont résisté victorieusement à la corruption par les femmes.
Combien ont succombé par elles, que tout l’or du monde n’aurait pu acheter !
Un jeune homme. — Quel est le plus beau des spectacles ?
Le visage respirant l’amour d’une fille.
Quel est le plus suave des parfums ? Son haleine douce.
Quel est le plus agréable des sons ? la voix de la bien-aimée.