Page:Lamairesse - Kama Sutra.djvu/70

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elle est dans la circulation comme une courtisane ; je puis donc m’unir à elle sans pécher.

— Cette femme exerce un grand empire sur son mari qui est un homme puissant et ami de mon ennemi. En devenant son amant, j’enlèverai à mon ennemi l’appui de son mari.

— J’ai un ennemi qui peut me nuire beaucoup ; si sa femme devient ma maîtresse, elle changera ses dispositions malveillantes à mon égard.

— Avec l’aide de telle femme, si je suis son amant, j’assurerai le triomphe de mon ami ou la ruine de mon ennemi, ou la réussite de quel qu’autre entreprise fort difficile.

— En m’unissant à telle femme, je pourrai tuer son mari et m’approprier ses biens.

— Je suis sans ressources et sans moyens d’en acquérir, l’union avec telle femme me procurera la richesse sans me faire courir aucun danger.

— Telle femme m’aime ardemment et connaît tous mes secrets, toutes mes faiblesses et, à cause de cela, peut me nuire infiniment, si je ne suis point son amant.

— Un mari a séduit ma femme, je dois le payer de retour (peine du talion).

— Devenu l’amant de telle femme, je tuerai un ennemi du roi, proscrit par celui-ci et auquel elle a donné asile.

— J’aime une femme placée sous la surveillance d’une autre ; par celle-ci j’arriverai à posséder celle que j’aime.

— C’est par cette femme seulement que je puis épouser une jeune fille riche et belle que je recherche ; si je deviens son amant, elle me fera atteindre mon but.

Pour ces motifs et d’autres semblables, il est permis d’avoir des rapports avec des femmes mariées ; mais il est bien entendu que c’est seulement dans un but particulier, et jamais en vue du seul plaisir, autrement il y aurait faute et péché[1].

  1. Il est à peine besoin de faire remarquer que cette morale n’est admise que par les brahmanes ; on n’en trouve trace nulle part ailleurs que dans leurs écrits, quelle qu’ait pu être la subtilité des casuistes.