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— Le nom qu’on peut prononcer n’est pas le nom éternel^^1 ;

— Il est ineffable en tant que Principe du Ciel et de la Terre.

— Il n’a de nom, que lorsqu’il devient la Mère des créatures ;

— En conséquence, Eternel non être, il voulût apercevoir, sa beauté parfaite ;

— Eternel Etre, il voulut apercevoir sa condition limitée ;

— Sa double Nature^^2, s’est manifestée simultanément, mais le Verbe n’a pas été le même ;

— Dans sa synthèse, il s’appelle l’Insondable ;

— Insondable, et encore insondable, il est la porte de toutes les perfections (en langage bouddhique on dirait : le chemi.i de la perfection) 3 .

L’idée que ces lignes nous donnent du Tao (ou de dieu) ressemble singulièrement à celle conçue par les Brahmes : de Brahma, le Un qui créa les êtres parce que, s’ennuyant d’être seul, il voulût être plusieurs. Cette appréciation nous paraît confirmée par le développement suivant de M. de Rosny : « Le Tao est le principe initiateur et intelligent des êtres qui sont sortis de son sein et qui doivent rentrer en lui ; if est la Raison suprême qui règle l’Évolution générale de la Nature. »

« Le Tao éternel appelé à recevoir dans son Sein les créatures qui en sont sorties (Tao the king chap. 40) est alors qualifié de non Etre, » et le principe des choses de la forme, qui en est la manifestation obligée de « Mère du Monde ».

Le non être n’est point entendu ici comme le Néant. Le Vide et le non Etre, ont dans le Tao the king et le Bouddhisme à peu près la même signification. Le non être du Tao the king, est une conception tout à fait semblable sinon identique à celle de Nivriti dans le Bouddhisme du Népaul. Le principe des choses de la forme,

1 Dans le résumé des Théories thaoistes attribué à Tchoung-li Kouen à l’époque des Han, il est dit : le Grand Tao est sans forme, sans nom, sans question, sans réponse.

1 Cette double nature rappelle les théories Indiennes et les Écoles allemandes qui ont attribué à Dieu Esprit l’essence de la matière ou Nature.

2 Ainsi définie cette force est identique à celle conçue par M. Abel de Rémusat comme supérieure à l’idée qu’on peut se faire d’un dieu personnel.