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Page:Lamairesse - L’Inde après le Bouddha.djvu/111

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Le chant du bienheureux qui n’en est qu’un épisode a une bien plus grande portée philosophique et religieuse que le Ramayana. C’est la doctrine de la foi et le culte de l’amour, doctrine et culte qui ont reçu un très grand développement dans l’Inde. Pour ces motifs nous avons cru devoir donner la partie héroïque du Mahabarata avant la vie du Bouddha, et le chant du bienheureux seulement dans l’exposé de l’établissement des grandes sectes de l’Hindouisme. Quant au Ramayana, sa place est intermédiaire et elle vient ici.

Aussi bien que le Mahabarata, le Ramayana a évidemment sa source dans des faits historiques très reculés et des légendes héroïques qui, comme l’Iliade, ont été chantées par des Rapsodes et transmises par la mémoire d’âge en âge jusqu’au moment où des fragments ont pu être fixés sur des olles (feuilles de palmier), comme l’ont été certainement des écritures bouddhiques et jusqu’à celui où ces fragments ont été réunis dans une composition unique arrangée et au besoin amplifiée de la manière qui convenait aux Brahmes par un auteur qui appartenait à leur caste ou lui était dévoué. Selon toute vraisemblance, une première compilation, probablement celle qui fut fixée sur des olles, fut l’œuvre de Valmiki très rapprochée de Bouddha et peut-être contemporaine d’Açoka. La rédaction définitive eut lieu dans le cours de la lutte entre le Bouddhisme et le Brahmanisme, puisque Rama recommande à son frère Baratha de fuir les religieux mendiants (les bouddhistes). Nous admettrions volontiers la version d’après laquelle Kalidasa, l’auteur du drame de Sakuntala et de plusieurs autres œuvres très remarquables, fut chargé par Vikramatitya, roi d’Udjein, de restaurer les œuvres de Valmiki dispersées ou perdues.

Il les rétablit, dit-on, textuellement. La légende raconte qu’il fut accusé d’avoir substitué ses propres compositions et qu’il dut se justifier par des prodiges surnaturels.

Comme l’œuvre était tout à fait selon le cœur des Brahmes ils ont tout faire pour lui conférer la plus grande authenticité. Il faut reconnaître d’ailleurs que, si l’on met à part les légendes du commencement racontées à Rama pendant ses premières pérégrinations, l’œuvre présente, comme l’Iliade, un récit bien lié et une action