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gner par des symboles, c'est-à-dire d’inaugurer la religion des mystères pour des Initiés, avec des représentations symboliques susceptibles d’une double interprétation, l’une commune pour le vulgaire et l’autre secrète. Ayant échoué dans cette tentative à Samos, il quitta cette île et se rendit à Crotone dans la grande Grèce (Sicile). Il eut dans cette ville jusqu’à 600 disciples qui avaient tout en commun ; de là leur nom de Cénobites (ϰοῖνος βιος, vie commune).

Il faisait un choix parmi ceux de ses auditeurs qui désiraient entrer dans la communauté ; il les soumettait à un noviciat de 3 ans, puis à un silence de 5 ans. Il reconnaissait par des épreuves ceux qui étaient capables de garder inviolablement le secret de l’enseignement reçu, et il les admettait comme disciples de l’intérieur. Il rendait leurs biens aux autres non admis.

Il fut ainsi conduit à établir parmi ses disciples deux catégories ; les Pythagoriciens et les Pythagoristes. Les premiers qui avaient la vie et les biens communs pendant toute leur vie étaient des modèles de perfection que les seconds imitaient de loin, gardant leurs biens séparés ; mais se réunissant dans un même lieu pour l’étude. (C’est à peu près la division des Bouddhistes en religieux et simples dévots).

Il y avait deux formes de philosophe ou deux sortes de disciples : ceux qui apprenaient par démonstration μαθηματιϰοι : de μαθειν apprendre, les hommes de science) et ceux qui se contentaient de la tradition et de l’enseignement sans démonstration (αϰουσματιϰοι ceux qui écoutent c’est-à-dire reçoivent de confiance la parole du maître, les hommes de foi). Les premiers refusaient aux seconds le titre de Pythagoriciens, de même que Kapila n’admettait la tradition ou l’autorité du témoignage qu’en l’absence de la démonstration logique. C’est sans doute dans ce sens que Platon a écrit : θεοι μεν αυτοι μαθηματιϰοι, les dieux eux-mêmes sont logiciens.

Il y avait entre tous les disciples une exhortation réciproque à accomplir la loi, à repousser toute transgression ; ils s’aidaient les uns les autres à vaincre la tristesse, la colère, la haine etc. C’était une fraternité complète dont l’exemple n’avait encore été donné nulle part.

Les Pythagoriciens devaient, en rentrant dans la mai-