Page:Lamairesse - L’Inde après le Bouddha.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 75 —

ceux en fer — alors on lui servit ses aliments dans des vases d’argile. — Açoka convoqua ses ministres et les habitants, et, tenant dans sa main la moitié d’un fruit d’Amalaka, il leur dit : « qui donc maintenant est roi de ce pays ? Il ne me reste plus que cette moitié de fruit dont je puisse disposer en maître. »

« Fi d’une puissance misérable qui ressemble à un fleuve gonflé qui se tarit, car malgré l’étendue de mon empire, la misère m’a atteint. » « Ainsi vérifient les paroles du Bouddha : Tous les bonheurs aboutissent à l’infortune. »

« Après avoir réuni la terre sous son septre, supprimé tous les conflits et tous les désordres, consolé les pauvres et les affligés, le roi Açoka est dans la misère ; il se dessèche comme une feuille coupée ou arrachée.

Alors il chargea un homme qui se trouvait près de lui, de porter à l’Assemblée des Parfaits, la moitié du fruit d’Amalaka, sa seule richesse, avec ces paroles : « Voici aujourd’hui ma dernière aumône, tout ce qui me reste de ma royauté et de ma puissance ; partagez ce fruit de manière que tous les membres de l’Assemblée en goûtent une part. »

Ayant reçu ce message, l’ancien de l’Assemblée s’adressa ainsi aux religieux ; « aujourd’hui vous devez vous abandonner à la douleur, car Bouddha a dit : « Le malheur d’un autre est un motif pour s’affliger. » Privé de sa puissance, le roi Açoka donne cette moitié de fruit pour instruire le commun des hommes qu’enivrent les jouissances et l’orgueil de la prospérité. » Ensuite on pila cette moitié de fruit et on la fit circuler dans l’Assemblée.

Bien que privé en fait de son pouvoir, le roi voulut, au dernier moment, affirmer son droit souverain et sa dévotion sans bornes à la loi de Bouddha. Se soulevant un peu, il dirigea ses mains jointes en coupes du côté de l’Assemblée et prononça ces stances :

« Cette terre que l’Océan enveloppe d’un vêtement de saphir, qui supporte les créatures et le mont Mandara, je la donne à l’Assemblée. Puissè-je recueillir le fruit de cette action !

Je ne souhaite pour prix de cette bonne œuvre, ni le Paradis d’Indra, ni celui de Brahma, et moins encore une nouvelle royauté sur la terre.

Ce que je désire pour récompense de la foi parfaite avec