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Page:Lamande - Castagnol.djvu/13

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commandèrent des macarons et du malaga.

— Vieux, disait Rémy Dartigaud, écrivasses-tu toujours ? Jadis, la critique d’art était ta passion.

— Elle me tient encore. Mais toi, que fais-tu ?

— Je danse.

— Ah ! c’est ton métier ?

L’autre haussa dédaigneusement les épaules :

— J’ai trouvé le filon. Autrefois, la politique conduisait à tout ; aujourd’hui, c’est la danse. Regarde-moi ! Je suis chic et l’on me recherche ; d’ailleurs, je connais sur le pouce les soixante-quinze bars américains où Ton s’amuse, dit-on. Je danse et, sans paraître y toucher, je soigne mes affaires. Elles fructifient. Au fait : voudrais-tu cinq mille kilos de matières grasses ?

— Des matières grasses ?

— Ou dix mille de phosphates tunisiens ? C’est une occase, mon cher.

Alors, Jean Verlinières regarda, narquoisement, cet ancien condisciple qu’il avait connu cancre et râpé, mais retors dans la