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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/211

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judiciaire, d’après lequel on n’aurait admis d’autres juges que des jurés jugeant le point de fait et des magistrats ambulants appliquant le droit. Cependant, quand elle reçut les décrets supprimant les maisons religieuses, prohibant les vœux monastiques et aliénant aux municipalités 400 millions de domaines nationaux, elle ne fit aucune difficulté de nommer des commissaires pour dresser l’état des biens ecclésiastiques et décida même d’en acheter jusqu’à concurrence de deux millions. La plupart de ceux dont les intérêts n’étaient pas atteints par cette mesure ne se dirent pas que toutes les libertés sont solidaires, et que la suppression de l’une entraîne prochainement la ruine des autres.

En vain signalait-on un commencement d’agitation à la suite des derniers décrets, l’administration ne s’alarmait encore que de la cherté des vivres. Le pain de froment de première qualité était en effet taxé à 34 sous, les 6 livres ; celui de seconde, à 26 sous ; celui de seigle, à 15 sous, et il fallait envoyer une garde au moulin Robert, que la population voulait démolir.

Dans ces circonstances, il parut urgent, pour faire diversion aux inquiétudes, de convoquer le peuple à quelque fête qu’on rehausserait de l’éclat des pompes religieuses. L’assemblée électorale, chargée de nommer les administrateurs du département, venait de terminer ses travaux, le 8 juin. La municipalité de Saint-Brieuc, « désirant donner des preuves de ses sentiments de religion et de sa reconnaissance envers les électeurs », décida de faire tirer le canon et d’assister à un Te Deun, à la cathédrale. Le 14 juillet, à l’occasion de la fête de la Fédération, elle fit dresser sur la place de l’Hôtel-de-Ville, du côté du vieux Martrai, une immense estrade, magnifiquement décorée. Après la messe qui y fut célébrée, les fonctionnaires, les officiers de la garde nationale et du régiment de Poitou, en garnison à Saint-Brieuc, vinrent prêter sur l’autel le serment civique, qui fut répété par les troupes, au bruit des cloches et du canon.

Le même jour, à Paris, des députés représentaient les