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puté Voydel en donna l’analyse dans le rapport qu’il fit à l’Assemblée nationale pour l’exécution de son décret.


1791. — La résistance devint bien autrement sérieuse quand le pape eut interdit, le 10 mars, de prêter serment à la constitution civile. Le cierge, dont nous n’avons pas dissimulé les fautes au xviiie siècle, n’hésita pas sur la conduite à tenir quand il vit la foi menacée, et préféra la persécution à l’apostasie. Une centaine de prêtres seulement firent accueil au recteur de Lannebert, nommé, le 14 mars, évêque des Côtes-du-Nord par les électeurs du département. On en était arrivé à croire que l’élection populaire suffisait à tout et qu’elle pouvait choisir un évêque et un curé comme un maire.

M. Jacob fut sacré à Paris, le 1er mai, et installé à Saint-Brieuc, le 15 du même mois. La cérémonie qui eut lieu à cette occasion reçut des circonstances un caractère tout particulier. Le cortège officiel alla chercher le prélat à la maison épiscopale aux sons d’une musique guerrière qui répéta plusieurs fois « les charmants airs de Ça ira et de Où peut-on être mieux. » L’évêque se rendit à la cathédrale sous un dais porté par deux volontaires nationaux et deux fusiliers d’Anjou. Il y fut harangué dans la chaire par un officier municipal en écharpe, M. Besné, qui termina son allocution en le requérant de prêter le serment civique. L’évêque le prêta, la main droite sur la poitrine, après un discours rempli d’onction, qui fut d’autant plus applaudi, d’après le registre municipal, qu’il respirait le patriotisme le plus sage et le plus pur. Les autorités civiles et militaires assistèrent à la grand’messe, aux vêpres et à la procession, et, le soir, le nouvel évêque alluma le feu de joie, qui fut suivi d’un feu d’artifice et d’une illumination générale jusqu’à minuit.

Il ne manquait à cette fête que le chapitre, la presque totalité des prêtres du diocèse et les ordres religieux, qui bientôt quittèrent leurs monastères en refusant le serment : les bénédictines, les ursulines et les sœurs de la Croix, aussi bien que les frères, les capucins et les cordeliers. On