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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/231

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la ville. L’armée rouge, vivement poursuivie et démoralisée par la nouvelle du désastre de Quiberon, se replia sur le Morbihan. Sa retraite fut le signal de la désorganisation des chouans des Côtes-du-Nord.

Il est à remarquer que le soulèvement dont nous venons de parler était surtout politique, tandis que celui des années précédentes avait un caractère plus particulièrement religieux. C’est qu’en effet, à ce dernier point de vue, la situation s’était un peu améliorée en 1795. En vertu de la loi du 3 ventôse an iii, un certain nombre de catholiques avaient demandé des églises pour célébrer leur culte. On leur accorda la chapelle de Saint-Pierre et celle des sœurs de la Croix, « le seul temple de cette commune qui ait échappé à la dévastation robespierriste », disait-on en le leur rendant. Comme on accusait encore les prêtres insermentés d’être en révolte contre le gouvernement, 23 d’entre eux, parmi lesquels M. de Robien, ancien vicaire-général, MM. Ruffelet et Manoir, publièrent un manifeste pour « déclarer que les ministres du culte catholique sont par principe et par état soumis au gouvernement civil de tous les pays qu’ils habitent ; que le culte catholique peut s’exercer dans les républiques comme dans les monarchies. » Enchantée de cette déclaration, l’administration la fit imprimer et envoyer aux municipalités. Malheureusement, il fallut attendre longtemps encore des mesures réparatrices.

Au milieu des crises continuelles que traversait Saint-Brieuc, la situation de l’administration municipale n’était guère digne d’envie ; aussi chacun de ses membres s’empressait-il de reprendre la vie privée, dès que le tirage au sort le lui permettait. Une fois encore, le 20 floréal, un arrêté des représentants Guezno, Guermeur et Grenot réorganisa la municipalité, qui n’avait pas été suffisamment épurée. Le maire fut maintenu ; quelques officiers municipaux furent changés ; Poulain-Corbion, qui depuis 1792 n’avait occupé que des fonctions obscures, devint procureur de la commune.

Que dire des finances municipales dans ce désordre