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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/254

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Malgré les services qu’il rendit dans cette importante commission, Charles Du Bois se vit à la fois privé de sa charge de procureur du roi en la sénéchaussée de Saint-Brieuc et écarté de la vie publique, dans toute la force de l’âge et du talent. L’isolement dans lequel il vécut désormais lui fut sensible. « Jamais, écrivait-il, je ne me consolerai de ma nullité involontaire (car l’humanité, la probité et l’honneur ne me permettaient pas de faire exécuter les décrets des monstres qui ont couvert la France de sang, de pleurs, de misères et d’opprobre). Dans aucun temps, je n’ai donné mon opinion sur ce point pour règle à un autre, et je n’ai point voulu suivre celle de plusieurs personnes que j’honorais, qui étoit différente de la mienne. Peut-être avions-nous tous raison, et, si d’honnêtes gens en place ont empêché beaucoup de mal, peut-être étoit-il salutaire qu’il s’en trouvât quelques-uns qui conservassent le feu sacré sans mélange. »[1].

Son frère, Guillaume Du Bois, sieur du Rivage, ancien officier de marine, avait un tempérament plus batailleur. Nommé, sous le Directoire, président de l’administration du canton rural de Saint-Brieuc, il défendit avec une telle ardeur la liberté religieuse et les droits des municipalités renaissantes qu’il fut suspendu de ses fonctions. Nous le retrouverons sur la brèche à l’époque du Consulat.

Si les familles Du Bois, Prud’homme et plusieurs autres, qui appartenaient ouvertement au parti de la contre-révolution, ont pu traverser la Terreur en restant à Saint-Brieuc ou dans les environs, c’est une preuve de plus que les chefs des diverses administrations réussirent à sauver la plupart de leurs concitoyens compromis. Les victimes furent, presque toutes, des membres du clergé, que des ordres supérieurs désignaient au tribunal révolutionnaire, et encore est-il constant, d’après les témoignages contemporains, que les habitants de Saint-Brieuc en cachèrent un grand nombre, au péril de leur vie, de sorte qu’il y avait un véritable concert entre la population et ses magistrats

  1. Archives Du Bois de La Villerabel.