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Quoi qu’il en soit, après avoir été ravagée par de pareils hommes, la Bretagne n’avait plus de ressources. Les États de Rennes, de 1596, le constatèrent en répondant aux demandes d’argent faites par les commissaires du roi : « Les desordres mauvais mesnaige et viollances ont tellement epuise le sang de votre peuple quil ne sy est trouve aulcun moyen de plus fere de fons. »

1597. — Cependant, il fallait de l’argent à tout prix pour mettre fin à une situation qui, sous l’apparence d’une trêve, était aussi désastreuse qu’une guerre déclarée. Les États se résignèrent à lever une somme de 200,000 écus, sous forme d’emprunt remboursable à la paix. Dans cette somme, les habitants de Saint-Brieuc, nobles et non nobles, exempts et non exempts, furent taxés à mille écus.

1598. — Pendant cette longue guerre dont nous allons raconter le dernier épisode, la tour de Cesson n’avait point été pour la ville de Saint-Brieuc le rempart qui abrite la liberté et la vie des citoyens, elle n’avait été qu’un instrument d’oppression ; aussi, quand la paix eut été signée définitivement entre le roi et Mercœur, le 20 mars 1598, la première pensée de nos pères fut de se débarrasser d’un voisin détesté, qui ne leur rappelait que les souvenirs de la guerre civile. Sur la demande des bourgeois, la destruction de la tour fut ordonnée par le roi. Le maréchal de Brissac, lieutenant-général au gouvernement de Bretagne, venait de s’en emparer et se trouvait encore le 2 avril, « au camp de Cesson, » quand il enjoignit de lever 2578 écus 30 sous dans l’évêché de Saint-Brieuc. De là, il se rendit à Morlaix, d’où il envoya, le 17 et le 18 avril, deux ordonnances à M. de Précréhant, gouverneur de Cesson : la première, pour « faire démolir entièrement ladite tour de Cesson, icelle abattre, ensemble les nouvelles fortifications et le tout rendre en tel estat que personne ne s’y puisse plus désormais loger... vous servant a cet effet des paroisses de ladite tour auxquelles nous mandons de s’y trouver » ; — la seconde, pour « délivrer et mettre entre les mains des commissaires de l’artillerie et autres gens de mestier servant en icelle, toutes les munitions de