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ANTONIELLA.

XXXI

L’automne de 1810 arriva ; les grands vents de la mer firent tomber les feuilles, et les premiers frissons de l’air glacèrent les nuits sur le Pausilippe. Mon père baissa rapidement vers sa fin. Comme je le revoyais tous les matins à peu près le même que la veille, je ne m’en apercevais pas trop, et je croyais que vivre, c’était souffrir, mais que souffrir, ce n’était pas mourir. Lui ne s’y trompait pas ; il se sentait défaillir intérieurement ; il comprit qu’un matin il ne se réveillerait plus, et me laisserait seule au monde, avec la misère et la chèvre.