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ANTONIELLA

tiques du haut faubourg de San-Martino, je fus aperçue par Annunziata, mon ancienne servante, qui faisait souper ses deux petits enfants sur ses genoux, assise sur le seuil de sa porte, sous quelques chemises de soldats flottant en dais devant sa boutique.

Annunziata crut d’abord qu’elle était victime d’une hallucination en voyant ma pâleur, mon air de détresse et d’égarement, et mes pas chancelants comme ccux d’un homme ivre.

Elle jeta un cri, posa à terre ses deux jumeaux, et courut sur mes pas, pour s’assurer si c’était bien moi qu’elle avait vue passer. Je courais moi-même pour lui échapper, n’ayant pas le courage de me laisser voir, dans cet excès de misère, de honte et d’infamie, par une personne qui m’avait