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NOTES DE JOCELYN

NOTE PREMIÈRE

(PROLOGUE. — Page 75.)

J’étais le seul ami qu’il eût sur cette terre…

Jocelyn, comme je l’ai dit ailleurs, n’est point une invention, c’est presque un récit. Son nom, dans la vie réelle et dans la mémoire de mon amitié, est l’abbé D…, curé de B… Je détache la page que je lui ai consacrée dans les Confidences, et je la place ici comme le fac-simile de la vérité de ce poëme. C’est le dessin au crayon et sans cadre du portrait poétique de Jocelyn. Il ne diffère que par cette couleur qui est le jour et la teinte du souvenir.

« Une circonstance me confirmait encore dans ces découragements de cœur et dans ces mépris pour le monde : c’était la société et les entretiens avec un autre solitaire aussi sensible, plus âgé et plus malheureux que moi. Cette société était la seule diversion que j’eusse quelquefois à mon isolement. D’abord rencontre, puis habitude, cette fréquentation se changeait de jour en jour davantage en amitié. Le hasard semblait avoir rapproché deux hommes d’âge et de condition différents, mais qui se ressemblaient par la sensibilité, par le caractère, et par la conformité de tristesse, de solitude d’âme, et de découragement du bonheur. L’un de ces hommes, c’était moi ; l’autre, c’était le