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mort ; c’était là le point fatal et sacré du globe que Dieu avait choisi de toute éternité pour faire descendre sur la terre sa vérité, sa justice et son amour incarné dans un Enfant-Dieu ; c’était là que le souffle divin était descendu à son heure sur une pauvre chaumière, séjour de l’humble travail, de la simplicité d’esprit et de l’infortune ; c’était là qu’il avait animé, dans le sein d’une vierge innocente et pure, quelque chose de doux, de tendre et de miséricordieux comme elle, de souffrant, de patient, de gémissant comme l’homme, de puissant, de surnaturel, de sage et de fort comme un Dieu ; c’était là que le Dieu-Homme avait passé par notre ignorance, notre faiblesse, notre travail et nos misères, pendant les années obscures de sa vie cachée, et qu’il avait en quelque sorte exercé la vie et pratiqué la terre avant de l’enseigner par sa parole, de la guérir par ses prodiges, et de la régénérer par sa mort ; c’était là que le ciel s’était ouvert, et avait lancé sur la terre son esprit incarné, son Verbe fulminant, pour consumer jusqu’à la fin des temps l’iniquité et l’erreur, éprouver comme au feu du creuset nos vertus et nos vices, et allumer devant le Dieu unique et saint l’encens qui ne doit plus s’éteindre, l’encens de l’autel renouvelé, le parfum de la charité et de la vérité universelles.

Comme je faisais ces réflexions, la tête baissée et le front chargé de mille autres pensées plus pesantes encore, j’aperçus à mes pieds, au fond d’une vallée creusée en forme de bassin ou de lac de terre, les maisons blanches et gracieusement groupées de Nazareth, sur les deux bords et au fond de ce bassin. L’église grecque, le haut minaret de la mosquée des Turcs, et les longues et larges murailles du cou-