Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/321

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dure de la plaine d’Esdraëlon, l’a fait choisir, dans le temps de saint Jérôme, pour le lieu de cette scène sacrée. On a élevé une chapelle au sommet, où les pèlerins vont entendre le saint sacrifice ; nul prêtre n’y réside : ils y vont de Nazareth. Arrivés au pied du Thabor, — superbe cône d’une régularité parfaite, revêtu partout de végétation et de chênes verts, — le guide nous égare. — Je m’assieds seul sous un beau chêne, à peu près à l’endroit où Raphaël place dans son tableau les disciples éblouis de la clarté d’en haut, et j’attends que le Père ait célébré la messe. On nous l’annonce d’en haut par un coup de pistolet, afin que nous puissions nous agenouiller sur les marches naturelles de cet autel gigantesque, devant Celui qui a dressé l’autel, et étendu la voûte étincelante du ciel qui le couvre.

À midi, parti pour le Jourdain et la mer de Galilée ; — traversé à une heure les collines basses et assez ombragées qui portent les pieds du mont Thabor ; — entré dans une vaste plaine de huit lieues de long sur au moins autant de large. — Un kan ruiné au milieu d’architectures du moyen âge. — Traversé quelques villages de pauvres Arabes qui cultivent la plaine ; chaque village a un puits situé à quelque distance, et quelques figuiers et grenadiers plantés non loin du puits. Voilà la seule trace du bien-être. Les maisons ne peuvent se distinguer qu’en approchant de très-près. Ce sont des huttes de six à huit pieds de hauteur, espèces de cubes de boue pétrie avec de la paille hachée, formant le toit en terrasse. — Ces terrasses servent de cour : là sont tous leurs meubles, une couverture et une natte. — Les enfants et les femmes s’y tiennent presque toujours ; les femmes ne sont pas voilées ; elles ont les lèvres teintes en