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MÉDITATIONS POÉTIQUES.

Tantôt c’est la tempête avec ses lourdes vagues
Qui viennent en tonnant se briser sur tes pas,
Tantôt c’est la forêt avec ses frissons vagues,
Tantôt ce sont des voix qui chuchotent tout bas.

Oh ! ne dirais-tu pas, à ce confus murmure
Que rend le coquillage aux lèvres de carmin,
Un écho merveilleux où l’immense nature
Résume tous ses bruits dans le creux de ta main ?

Emporte-la, mon ange ! Et quand ton esprit joue
Avec lui-même, oisif, pour charmer tes ennuis,
Sur ce bijou des mers penche en riant ta joue,
Et, fermant tes beaux yeux, recueilles-en les bruits.

Si dans ces mille accents dont sa conque fourmille
Il en est un plus doux qui vienne te frapper,
Et qui s’élève à peine aux bords de la coquille,
Comme un aveu d’amour qui n’ose s’échapper ;

S’il a pour ta candeur des terreurs et des charmes ;
S’il renaît en mourant presque éternellement ;
S’il semble au fond d’un cœur rouler avec des larmes ;
S’il tient de l’espérance et du gémissement ;…

Ne te consume pas à chercher ce mystère !
Ce mélodieux souffle, ô mon ange, c’est moi !
Quel bruit plus éternel, et plus doux sur la terre,
Qu’un écho de mon cœur qui m’entretient de toi ?


fin des premières méditations.