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COMMENTAIRE


DE LA SEPTIÈME MÉDITATION




Cette Méditation fut écrite à Saint-Point, dans la petite tour du nord, au printemps de l’année 1821, peu de mois après qu’on eut appris en France la mort de Bonaparte à Sainte-Hélène. Elle fit une immense impression dans le temps. Je n’aimais pas Bonaparte : j’avais été élevé dans l’horreur de sa tyrannie. L’inquisition de cet homme contre la pensée était telle, que la police de Paris ayant été informée qu’un jeune homme de Mâcon, âgé de dix-sept ans, prenait des leçons de langue anglaise d’un prisonnier de guerre en résidence dans cette ville, le préfet vint chez le père de ce jeune homme lui signifier, au nom de l’empereur, de faire cesser cette étude de son fils, s’il ne voulait pas porter ombrage au gouvernement. En écrivant cette ode, qu’on a trouvée quelquefois trop sévère, je me trouvais donc moi-même trop indulgent, je me reprochais quelque complaisance pour la popularité posthume de ce grand nom. La dernière strophe surtout est un sacrifice immoral à ce qu’on appelle la gloire. Le génie par lui-même n’est rien moins qu’une vertu ; ce n’est qu’un don, une faculté, un instrument : il n’expie rien, il aggrave tout. Le