Médecin d’intime souffrance,
Qui les retourne et les endort,
Qui guéris avec l’espérance
Et vivifie avec la mort ;
Barde de la lyre infinie,
Qui, pour chanter dans le grand chœur,
N’as pas besoin d’autre génie
Que des battements de ton cœur :
Hé quoi ! tu craindrais que ma porte,
À tes accents ne s’ouvrît pas,
Avec les anges pour escorte,
Et les prophètes sur tes pas ?
Ah ! viens, si ma route est ta voie,
De ton bâton de peuplier,
Au nom de celui qui t’envoie,
Presser mon sol hospitalier !
Mes chiens, qui devinent leur maître,
D’eux-même iront lécher tes doigts ;
Les colombes de ma fenêtre
Ne s’envoleront pas aux toits.
Mes oiseaux même ont l’habitude
De voir monter par le chemin
Ces anges de la solitude ;
Et le marteau connaît leur main.
Fils des champs, j’aimai de bonne heure
Ces laboureurs vêtus de deuil,
Dont on voit la pauvre demeure
Entre l’église et le cercueil ;
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