Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/498

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
496
MÉDITATIONS


Médecin d’intime souffrance,
Qui les retourne et les endort,
Qui guéris avec l’espérance
Et vivifie avec la mort ;

Barde de la lyre infinie,
Qui, pour chanter dans le grand chœur,
N’as pas besoin d’autre génie
Que des battements de ton cœur :

Hé quoi ! tu craindrais que ma porte,
À tes accents ne s’ouvrît pas,
Avec les anges pour escorte,
Et les prophètes sur tes pas ?

Ah ! viens, si ma route est ta voie,
De ton bâton de peuplier,
Au nom de celui qui t’envoie,
Presser mon sol hospitalier !

Mes chiens, qui devinent leur maître,
D’eux-même iront lécher tes doigts ;
Les colombes de ma fenêtre
Ne s’envoleront pas aux toits.

Mes oiseaux même ont l’habitude
De voir monter par le chemin
Ces anges de la solitude ;
Et le marteau connaît leur main.

Fils des champs, j’aimai de bonne heure
Ces laboureurs vêtus de deuil,
Dont on voit la pauvre demeure
Entre l’église et le cercueil ;