Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 10.djvu/155

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et le roi par dévouement personnel. Il partit de Paris sous prétexte de retourner à Genève, sa patrie. Il se rendit de là en Allemagne auprès du maréchal de Castries, confident de Louis XVI à l’étranger, et un des chefs des émigrés. Accrédité par le duc de Castries, il se présenta à Coblentz au duc de Brunswick, à Francfort aux ministres de l’empereur et du roi de Prusse. On refusa de prêter confiance à ses communications, à moins qu’il ne montrât une lettre du roi lui-même. Le roi lui fit parvenir ces trois lignes écrites de sa main sur une bande de papier de deux pouces de large : « La personne qui présentera ce billet connaît mes intentions, on peut croire tout ce qu’elle dira en mon nom. » Ce signe royal de reconnaissance ouvrit à Mallet-Dupan les cabinets de la coalition.

Des conférences s’ouvrirent entre le négociateur français, le comte de Cobentzel, le comte d’Haugwitz et le général Heyman, plénipotentiaires de l’empereur et du roi de Prusse. Ces ministres, après avoir vérifié le titre de la mission de Mallet-Dupan, se firent communiquer ses instructions. Elles portaient que « le roi joignait ses prières à ses exhortations pour conjurer les émigrés de ne point faire perdre à la guerre prochaine son caractère de puissance à puissance, en y prenant part au nom du rétablissement de la monarchie. Toute autre conduite produirait une guerre civile, mettrait en danger les jours du roi et de la reine, renverserait le trône, ferait égorger les royalistes. Le roi ajoutait qu’il conjurait les souverains armés pour sa cause de bien séparer dans leur manifeste la faction des Jacobins de la nation, et la liberté des peuples de l’anarchie qui les déchire ; de déclarer formellement et énergiquement à l’Assemblée, aux corps administratifs, aux municipalités, qu’ils