avait produite à Paris et dans les provinces, se préparaient au dernier assaut. Bien qu’ils n’eussent point d’accord préalable sur la nature du gouvernement qu’ils donneraient à la France après le triomphe du peuple, il leur fallait ce triomphe, et ils conspiraient ensemble pour détrôner leur ennemi commun. L’arrivée des Marseillais à Paris devait être pour ces deux partis le signal et le moyen d’action. Ces hommes énergiques, féroces, échauffés par la longue marche qu’ils venaient de faire aux feux de l’été, et qui s’étaient allumés sur leur route de tout l’incendie d’opinions qui dévorait les villes et les campagnes, en rapportaient les flammes à Paris. Plus aguerris aux entreprises désespérées que le peuple bruyant mais casanier de Paris, les Marseillais devaient être le noyau de la grande insurrection. C’était une bande de quinze cents hommes, accès vivant de la fureur démagogique qui refluait des extrémités de l’empire pour venir rendre de la force au cœur. Ils approchaient conduits par des chefs subalternes ; les deux chefs véritables les avaient devancés à Paris : c’étaient deux jeunes Marseillais, Barbaroux et Rebecqui.
Rebecqui avait été un des premiers agitateurs de sa patrie en 89, à l’époque où l’élection de Mirabeau à l’Assemblée constituante troublait Aix et Marseille. Mis en jugement pour sa participation à ces troubles, il avait été défendu par son éloquent complice devant l’Assemblée. Devenu un des chefs des Jacobins de Marseille, il s’était mis à la tête des bataillons de garde nationale de cette ville qui avaient marché sur Arles et arraché à la vengeance des lois les assassins d’Avignon. Envoyé à la cour d’Orléans pour ce fait, il y fut couvert de l’amnistie que les Girondins avaient jetée sur les crimes du Midi. Résolu de pousser la