fants, des femmes, des oisifs, formaient la haie sur la place de la Bastille et dans les rues qu’ils traversaient pour se rendre à la mairie. Pétion harangua ces colonnes. On leur assigna leurs casernes à la Chaussée-d’Antin. Ils s’y rendirent.
Santerre et quelques gardes nationaux du faubourg Saint-Antoine leur avaient fait préparer un banquet chez un restaurateur des Champs-Élysées. Non loin de là, des tables dressées chez un autre restaurateur rassemblaient, soit préméditation, soit hasard, un certain nombre d’officiers de la garde nationale des bataillons dévoués au roi, quelques gardes du corps licenciés et de jeunes écrivains royalistes. Cette rencontre ne pouvait manquer de produire une rixe. On croit que les royalistes la désiraient pour animer Paris contre cette horde étrangère et pour demander le renvoi des Marseillais au camp de Soissons. Dans la chaleur du repas, ils affectèrent de pousser des cris de : « Vive le roi ! » qui semblaient braver les ennemis du trône. Les Marseillais répondirent par les cris de : « Vive la nation ! » Les gestes provoquèrent les gestes. Les groupes du peuple qui assistaient de loin aux banquets jetèrent de la boue aux grenadiers royalistes. Ceux-ci tirèrent leurs sabres. Le peuple appela les Marseillais à son secours. Les fossés et les palissades qui séparaient les deux jardins furent franchis en un clin d’œil. Les fers se croisèrent, les palissades arrachées servirent d’armes aux combattants. Le sang coula. Beaucoup de gardes nationaux furent blessés. Un d’eux, l’agent de change Duhamel, tira deux coups de pistolet sur les agresseurs. Il tomba frappé à mort sous la baïonnette d’un Marseillais. Le commandant général des troupes de garde au château fit battre la générale et disposer de l’artillerie