cernée à tous les guichets, ne pouvant charger contre des murs dans l’enceinte étroite où on l’avait emprisonnée, murmurait contre ses chefs et se partageait en deux détachements : l’un continuait à occuper inutilement la cour du Louvre, l’autre allait se ranger en bataille sur la place du Palais-Royal. Du côté des Champs-Élysées, de la place Vendôme et de la rue Saint-Honoré, nul obstacle n’avait contenu l’affluence du peuple. Des masses immenses bloquaient le jardin.
Le procureur du département, Rœderer, apprenant la mort de Mandat et l’installation d’un conseil insurrectionnel, écrivit au conseil de département de se rendre au château pour prendre des mesures contre la nouvelle municipalité ou pour ratifier ses ordres. Le département, sans autre empire sur le peuple que la loi brisée dans ses mains, envoya des commissaires chez le roi pour se concerter avec Rœderer. C’étaient MM. Levieillard et de Fauconpret, Lefebvre d’Ormesson et Beaumes (d’Aix). Rœderer et les membres du département passèrent ensemble dans une petite pièce donnant sur le jardin, à côté de la chambre du roi. Rœderer demanda au roi de signer un ordre au conseil de département pour l’autoriser à se déplacer du lieu habituel de ses séances. « Mes ministres ne sont pas là, répondit Louis XVI ; je donnerai l’ordre quand ils seront revenus. »
Il ne faisait pas encore jour dans les appartements. Un moment après, on entendit une voiture rouler dans la cour. On entr’ouvrit les contrevents du cabinet du roi pour connaître la cause de ce bruit ; c’était la voiture de Pétion qui s’en allait à vide. Le jour commençait à poindre.
Madame Élisabeth s’approcha de la fenêtre et regarda le ciel. Il était rouge comme de la réverbération d’un in-