avec mon frère, répondit l’évêque quand on vint l’appeler ; mais j’ai la cuisse cassée, je ne puis me soutenir : aidez-moi a marcher, et j’irai avec joie au supplice. » Deux de ses meurtriers le soutinrent en passant leurs bras autour de son corps. Il tomba en les remerciant. C’était le dernier. Il était huit heures. Le massacre avait duré quatre heures.
XV
Les tombereaux emportèrent cent quatre-vingt-dix cadavres. Les massacreurs se dispersèrent et coururent aux autres prisons. Le sang altère et n’assouvit pas.
Il coulait déjà dans les neuf prisons de Paris. La prison de la Force renfermait, après l’Abbaye, les prisonniers les plus signalés à l’extermination du peuple. On y avait jeté les hommes et les femmes de la cour arrêtés le 10 août. À l’heure où Maillard instituait son tribunal à l’Abbaye, deux membres du conseil de la commune, Hébert et Lhuilier, s’érigeaient d’eux-mêmes en juges souverains dans le guichet de la Force. Là, les mêmes signes de préméditation dans l’attentat, la même invasion d’une horde de soixante exécuteurs, la même discipline dans l’assassinat, les mêmes formes d’interrogatoire et de jugement, les mêmes soins pour éponger le sang, les mêmes tombereaux pour empiler les corps, les mêmes mutilations des cadavres, les mêmes jeux avec les têtes coupées, la même indifférence brutale des bourreaux, mangeant, buvant, dansant, piétinant sur