guerre, je réponds de tout. Retournez à vos postes, et ne pensez qu’à bien seconder les desseins de votre général. » L’assurance du chef inspira confiance aux lieutenants. Le génie a ses mystères, qu’on respecte même en les ignorant.
De légères escarmouches toujours heureuses entre l’avant-garde des Prussiens, qui s’avançaient enfin vers la forêt, et les avant-postes de Dumouriez, rendirent la patience aux troupes : le coup de fusil et le pas de charge sont la musique des camps. Miaczinski, Stengel et Miranda repoussèrent partout les Prussiens. On connaît Miaczinski et Stengel, hommes de choix de Dumouriez. Miranda lui avait été envoyé récemment par Pétion. Le général voulut éprouver Miranda dès le premier jour : il en fut content.
Miranda, qui prit depuis une si grande part dans les succès et dans les revers de Dumouriez, était un de ces aventuriers qui n’ont que les camps pour patrie et qui portent leur bras et leurs talents à la cause qui leur semble la plus digne de leur sang. Miranda avait adopté celle des révolutions par tout l’univers. Né au Pérou, noble, riche, influent dans l’Amérique espagnole, il avait tenté jeune encore d’affranchir sa patrie du joug de l’Espagne. Réfugié en Europe avec une partie de ses richesses, il avait voyagé de nation en nation, s’instruisant dans les langues, dans la législation, dans l’art de la guerre, et cherchant partout des ennemis à l’Espagne et des auxiliaires à la liberté. La Révolution française lui avait paru le champ de bataille de ses idées. Il s’y était précipité. Lié avec les Girondins, jusque-là les plus avancés des démocrates, il avait obtenu d’eux, par Pétion et par Servan, le grade de général dans nos armées. Il brûlait de s’y faire un nom dans la guerre