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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/173

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ceront qu’en hésitant et s’affaibliront à chaque pas. Chaque pas me donnera de nouvelles forces. Je les atteindrai sous Paris. Une armée d’invasion placée entre une capitale de six cent mille âmes qui ferme ses portes et une armée nationale qui lui ferme le retour, est une armée anéantie. La France sera sauvée au cœur de la France, au lieu d’être sauvée aux frontières, mais elle sera sauvée. »


VIII

Ainsi raisonnait Dumouriez, quand les premiers coups de canon prussien, retentissant au pied des hauteurs de Valmy, vinrent lui annoncer que le duc de Brunswick avait senti le danger de s’avancer en laissant derrière lui une armée française, et qu’il attaquait Kellermann.

Ce n’était pas le duc de Brunswick, cependant, qui avait commandé l’attaque, c’était le roi de Prusse. Impatient de gloire, lassé des temporisations de son généralissime, honteux de l’hésitation de son drapeau devant une poignée de patriotes français, provoqué par les instances des émigrés, qui lui montraient Paris comme le tombeau de la Révolution, et l’armée de Dumouriez comme une bande de soldats factieux dont les tâtonnements du duc de Brunswick faisaient seuls toute la valeur, le roi avait forcé la main au duc. L’armée prussienne, que le généralissime voulait déployer lentement de Reims à l’Argonne, parallèlement à l’armée française, reçut ordre de se porter en masse sur les