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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/177

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X

Tel était l’horizon de tentes, de baïonnettes, de chevaux, de canons, d’état-major, qui se déroulait au loin sur les mamelons blanchâtres et dans les ravins creux de la Champagne, le 20 septembre, au milieu du jour. À la même heure, la Convention, entrant en séance, allait délibérer sur la monarchie ou sur la république. Au dedans, au dehors, la France et la liberté se jouaient avec le sort.

L’aspect extérieur des deux armées semblait déclarer d’avance l’issue de la campagne contre nous. Du côté des Prussiens quatre-vingt-dix mille combattants de toutes armes ; une tactique héritage du grand Frédéric, vivant encore dans ses lieutenants ; une discipline qui changeait les bataillons en machines de guerre, et qui, anéantissant toute volonté individuelle dans le soldat, l’assouplissait à la pensée et à la voix de ses officiers ; une infanterie que sa liaison avec elle-même rendait solide et impénétrable comme des murailles de fer ; une cavalerie montée sur les magnifiques chevaux de la Frise et du Mecklembourg, dont la docilité sous la main, l’ardeur modérée et le sang-froid intrépide ne s’effarouchent ni du bruit, ni du feu de l’artillerie, ni des éclairs de l’arme blanche ; des officiers formés dès l’enfance au métier des combats, nés pour ainsi dire dans l’uniforme, connaissant leurs troupes, en étant connus, et exerçant sur leurs soldats le double ascendant de la